Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE VI.

Voyage des mathématiciens français et espagnols aux montagnes de Quito. Retour de La Condamine par le fleuve des Amazones.

Faisons succéder au tableau des conquêtes de l’ambition et de l’avarice, qui ont coûté tant de sang et de crimes, un tableau bien différent, celui des conquêtes de la philosophie ; il est moins brillant aux yeux de l’imagination ; mais il offre un grand objet aux yeux de la raison, le progrès des connaissances humaines ; et peut-être aura-t-on quelque plaisir à voir que, sans autre espoir, sans autre récompense que le désir d’éclairer les hommes et de leur faire du bien, des sages ont supporté autant de travaux et de fatigues, ont montré un courage aussi patient et aussi obstiné que ces conquérans fameux qui affrontaient tous les obstacles pour avoir de l’or et pour commander.

Le voyage de La Condamine à l’équateur, entrepris par les ordres et aux frais du roi Louis xv, et sous les auspices de notre académie des sciences, est un des plus célèbres du dix-huitième siècle, non-seulement par l’importance de son objet, qui était la solution d’un problème agité depuis long-temps parmi les philosophes anciens et modernes, mais encore par le caractère singulier de l’académicien voya-