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sous le titre de quippa camayo étaient les dépositaires publics de cette espèce de mémoires, comme les notaires le sont de nos actes ; et l’on n’avait pas moins de confiance à leur bonne foi. Les quippos étaient différens suivant la nature du sujet, et variés si régulièrement, que, les nœuds elles couleurs tenant lieu de nos vingt-quatre lettres, on tirait de cette invention toute l’utilité que nous tirons de l’écriture et des livres.

Acosta paraît encore plus surpris qu’ils fussent parvenus à faire les calculs d’arithmétique avec de simples grains de maïs. Il assure que nos opérations ne sont pas plus promptes et plus exactes avec la plume.

On conclura sans doute que la seule inspiration de la nature avait conduit assez loin les Péruviens, surtout si l’on considère qu’étant environnés de nations beaucoup plus barbares, ils ne pouvaient rien devoir à l’exemple.

Ils choisissaient, comme les anciens Égyptiens, des lieux remarquables pour leur sépulture. Leur usage n’était pas d’enterrer les corps. Après les avoir portés dans l’endroit où ils devaient reposer, ils les entouraient d’un amas de pierres et de briques, dont ils bâtissaient une sorte de mausolée, et les amis jetaient par-dessus une si grande quantité de terre, qu’ils en formaient une colline artificielle, à laquelle ils donnaient le nom de guaque. La figure des guaques n’est pas exactement pyramidale. Il paraît que, dans ces ouvrages, les