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mais grossières et sans méthode. Leur musique instrumentale n’était pas plus avancée. Elle consistait dans l’usage de quelques tambours et de quelques flûtes de roseaux ; les unes doubles ou triples, à divers tons ; d’autres simples, dont le son n’avait aucune variété.

Avant l’arrivée des Espagnols, ils n’avaient aucune connaissance de l’écriture. Cependant ils avaient trouvé le moyen de conserver la mémoire de l’antiquité, et de se former une sorte d’histoire, qui comprenait tous les événemens remarquables de leur monarchie. Premièrement, les pères étaient obligés de transmettre aux enfans tout ce qu’ils avaient appris de leurs propres pères, par des récits qui se renouvelaient tous les jours. En second lieu, ils suppléaient au défaut des lettres, en partie par des peintures assez informes, comme les Mexicains, et beaucoup plus par ce qu’ils nommaient quippos ; c’étaient des rangs de cordes, où, par la diversité des nœuds et couleurs, ils exprimaient une variété surprenante de faits et de choses. Acosta, qui en avait vu plusieurs, et qui se les était fait expliquer, n’en parle qu’avec une extrême admiration. Non-seulement tout ce qui appartenait à l’histoire, aux lois, aux cérémonies, aux comptes des marchandises, était exactement conservé par ces nœuds, mais les moindres circonstances y trouvaient place par de petits cordons attachés aux principales cordes. Des officiers établis