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Garcilasso y joint une sorte de commentaire, et vante la force des expressions. Il ajoute que les poëtes péruviens composaient aussi des drames, dans lesquels ils représentaient les grandes actions des empereurs défunts.

Les amantas n’ignoraient pas absolument l’astronomie ; mais ils ne distinguaient que trois astres par des noms propres : le soleil, qu’ils nommaient Yut ; la lune, qui portait le nom de Quilla ; et Vénus, qu’ils nommaient Chasca ; toutes les étoiles étaient comprises sous le nom commun de coyllur. Ils observaient le cours de l’année, et les récoltes leur servaient à distinguer les saisons. Les solstices entraient aussi dans leur calcul du temps : ils avaient à l’orient et à l’occident de Cusco de petites tours qui servaient à leur astronomie ; mais Acosta et Garcilasso ne s’accordent ni sur leur nombre ni sur leur usage. Rien n’approchait de l’attention des anciens Péruviens pour les éclipses de soleil ou de lune, quoiqu’ils en ignorassent les causes, et qu’ils leur en attribuassent de ridicules. Ils croyaient le soleil irrité contre eux lorsqu’il leur dérobait sa lumière, et toute la nation s’attendait aux plus terribles malheurs. La lune était malade lorsqu’elle commençait à s’éclipser ; si l’éclipse était totale, elle était morte ou mourante ; et leur crainte était alors qu’elle n’écrasât tous les humains par sa chute. Ils se livraient aux cris et aux larmes ; ils faisaient sortir leurs chiens, et les contraignaient, à force de coups, d’aboyer dans l’opinion que