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leur reproche aujourd’hui, il est difficile de ne pas se former une autre idée de leurs ancêtres à la vue de divers monumens qui sont leur ouvrage. Zarate compte leurs grands chemins entre les merveilles du monde. Cette grande entreprise fut commencée sous le règne de Hayna Capac, à l’occasion de ses conquêtes, et pour faciliter son retour : cinq cents lieues de montagnes, coupées par des rochers, des vallées, des précipices offrirent en peu d’années une route commode depuis Quito jusqu’à l’autre extrémité de l’empire. Quelque temps après, et sous le même règne, on en vit de toutes parts dans les plaines et les vallées. C’étaient de hautes levées de terre, d’environ quarante pieds de largeur, qui, mettant les vallées au niveau des plaines, épargnaient la peine de descendre et de monter. Dans les déserts sablonneux, le chemin était marqué par deux rangs de pieux ou de palissades alignés au cordeau, qui empêchaient de s’égarer. Une de ces routes était de cinq cents lieues, comme celle des montagnes. Les levées subsistent encore, quoiqu’elles aient été coupées en divers endroits, pendant les guerres civiles des Espagnols, pour rendre le passage plus difficile à leurs ennemis ; mais, en paix comme en guerre, ils ont enlevé une grande partie des pieux pour en employer le bois à faire du feu, ou à d’autres usages.

La langue ordinaire des Péruviens était celle de Cusco, que les incas s’étaient efforcés d’in-