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avant de changer leurs langes, ils les plongeaient dans l’eau. Ils ne leur laissaient les bras libres qu’à l’âge de trois mois, dans l’opinion que rien ne servait tant à les fortifier. Leurs berceaux étaient de petits hamacs, dont on ne les tirait que pour les soins nécessaires à la propreté. Jamais les mères ne prenaient leurs enfans entre leurs bras, ni sur leurs genoux ; elles se baissaient sur le hamac pour leur donner le sein, et jamais plus de deux ou trois fois par jour.

L’honnêteté publique était observée avec une extrême rigueur. On ne souffrait point de courtisanes dans les villes et dans les bourgades : elles avaient la liberté de se construire des cabanes au milieu des champs ; et quoique leur commerce fût permis aux hommes, les femmes se déshonoraient en leur parlant. Dans chaque maison, la femme légitime jouissait de la distinction d’une reine, au milieu des concubines de son mari, dont le nombre n’était pas borné. Elles ne laissaient pas de travailler ensemble aux ouvrages de leur sexe. Elles faisaient des toiles et des étoffes pour les habits, comme les hommes préparaient les cuirs pour la chaussure. On ne connaissait pas dans l’ancien Pérou d’ouvriers pour ce genre de travail ; chaque famille se suffisait à elle-même. Les femmes étaient si laborieuses, que, dans leurs amusemens mêmes et leurs visites, elles avaient toujours les instrumens du travail entre les mains. Quant aux hommes, quelque paresse qu’on