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et qui était alors réservée aux seuls incas. Enfin ils avaient la tête ceinte d’un diadème nommé uantu, qui n’était qu’une bandelette d’un doigt de largeur, attachée des deux côtés sur les tempes avec un ruban rouge. C’est ce que la plupart des voyageurs et des historiens ont nommé la frange impériale.

Toutes les autres parties de l’empire avaient aussi des monastères, où les filles de curacas et toutes celles qui passaient pour les plus belles étaient renfermées, non pour servir le soleil et pour garder la chasteté, mais pour devenir les concubines du souverain. Elles sortaient lorsqu’il les faisait appeler ; et leurs mamaconas les occupaient dans leur clôture à filer ou à faire des étoffes que le roi distribuait aux courtisans et aux soldats comme une récompense pour les belles actions. Celles qu’il avait une fois employées à ses plaisirs ne retournaient jamais au monastère ; elles passaient au service de la reine, et quelques-unes étaient renvoyées à leurs parens ; mais, après avoir eu les bonnes grâces du roi, elles ne pouvaient être ni les femmes ni les concubines de personne. Le respect allait si loin pour tout ce qui lui avait appartenu, que celles qui se laissaient corrompre étaient enterrées vives, et que la même loi condamnait au feu non-seulement le corrupteur, mais tous ses parens et tous ses biens.

Les Péruviens de tous les rangs élevaient leurs enfans avec une extrême attention. Au moment de leur naissance, et chaque jour,