Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

servaient à l’entretien du palais impérial et des prêtres du soleil.

Les incas avaient en horreur les victimes humaines. Le soleil avait plusieurs prêtres, tous du sang royal, et pour chef du sacerdoce un grand-pontife, distingué par le titre de villouna, qui signifie devin ou prophète ; leur habillement ne différait point de celui des grands de l’empire. On consacrait au soleil, dès l’âge de huit ans, des vierges, qui étaient renfermées dans des couvens où les hommes ne pouvaient entrer sans crime, comme c’en était un pour les femmes d’entrer dans les temples du soleil. C’est une erreur de quelques Espagnols d’avoir écrit que les vierges étaient employées au service de l’autel. Leur ministère n’était qu’extérieur, et consistait à recevoir les offrandes. Le nombre de ces jeunes filles montait à plus de mille dans la seule ville de Cusco. Elles étaient gouvernées par les plus âgées, qui portaient le nom de mamaconas. Tous les vases qui servaient à leur usage étaient d’or ou d’argent comme ceux du temple. Dans l’intervalle des exercices de religion, elles s’occupaient à filer pour le service du roi et de la reine. L’habillement des monarques du Pérou était une sorte de tunique qui leur descendait jusqu’aux genoux, avec un manteau de la même longueur, et une bourse carrée qui tombait de l’épaule gauche vers le côté droit, dans laquelle ils portaient leur coca, herbe qui se mâche dans cette contrée comme le bétel aux Indes orientales,