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distinguent. Ce sont les matelots seuls qui les chargent sur des brouettes, et qui partagent entre eux le salaire. Pendant le travail des gens de mer et des commerçans, on voit arriver de Panama plusieurs caravanes, de cent mules chacune, chargées de caissons qui contiennent l’or et l’argent du Pérou. Les uns sont déchargés à la bourse, les autres au milieu de la place, sans que, dans la confusion d’une si grande foule, il arrive jamais de vol, de perte ou d’autre désordre. Don Ulloa peint fort vivement la surprise de ceux qui, ayant vu cette ville si pauvre, si solitaire en temps mort, son rivage si désert et si triste, y voient ensuite une foule si nombreuse, les maisons occupées, les rues et les places remplies de ballots de marchandises, de caisses d’or et d’argent, ou monnayé, ou en barres, ou travaillé ; son port couvert de navires et de barques, dont les unes apportent par la rivière de Chagre toutes sortes de marchandises du Pérou, et les autres, de Carthagène, des vivres pour la subsistance de tant d’acheteurs empressés. Cette ville qu’on fuit dans tous les autres temps, quand on aime la vie, prend un aspect tout différent, en devenant le dépôt des richesses de l’Ancien et du Nouveau-Monde.

» Après le déchargement des galions, et l’arrivée des marchandises du Pérou, qui sont accompagnés du président de Panama, on procède à l’ouverture de la foire. Les députés des deux commerces s’assemblent à bord du galion