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des orphelins, puis ceux des cultivateurs : ceux de l’empereur, ou du caraca ou seigneur, venaient les derniers. Chaque jour, au soir, un officier montait sur une petite tour, qui n’avait pas d’autre usage, pour annoncer à quelle partie du travail on devait s’employer le jour suivant. La mesure de terre assignée aux besoins de chaque personne était ce qu’il en faut pour y semer un demi-boisseau de maïs. On engraissait les terres de l’intérieur avec la fiente des animaux, et les terres voisines de la mer avec celle des oiseaux marins. Le prince n’exigeait de ses peuples aucun autre tribut que la partie de leurs moissons, qu’ils étaient obligés de transporter dans les greniers publics, avec des habits et des armes pour ses troupes. Toute la famille des incas, les officiers et les domestiques du palais, les curacas, les juges et les autres ministres de l’autorité impériale, les soldats, les veuves et les orphelins étaient exempts de toute espèce de tribut. L’or et l’argent qu’on apportait au souverain et aux curacas était reçu à titre de présent, parce qu’il n’était employé qu’à l’ornement des temples et des palais, et que dans tout l’empire on ne lui connaissait pas d’autre usage. Chaque canton avait son magasin pour les habits et les armes comme pour les grains ; de sorte que l’armée la plus nombreuse pouvait être fournie en chemin de vivres et d’équipages sans aucun embarras pour le peuple. Tous les tributs qui se levaient autour de Cusco, dans un rayon de cinquante lieues,