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bre, le sexe et l’âge de ses sujets, il envoyait souvent des visiteurs qui observaient la conduite des chefs, avec le pouvoir de punir les coupables ; et le châtiment des officiers était toujours plus rigoureux que celui du peuple.

L’autorité des empereurs était absolue sur les personnes et sur les biens. Non-seulement ils avaient le choix des terres et des autres possessions, mais ils pouvaient prendre les jeunes filles qui leur plaisaient pour concubines ou pour servantes. À l’exemple du fondateur de la monarchie, l’héritier présomptif du trône prenait en mariage sa sœur aînée, et s’il n’en avait point d’enfans, ou s’il la perdait par la mort, il prenait la seconde, et successivement toutes les autres. S’il était sans sœurs, il épousait sa plus proche parente. Les autres incas prenaient aussi des femmes de leur sang ; mais leurs sœurs étaient exceptées, afin que ce droit fût propre à l’empereur et à l’aîné de ses fils ; car c’était toujours l’aîné qui lui succédait.

Dans les nouvelles provinces que les incas ajoutaient à l’empire, ils apportaient leurs soins à faire cultiver soigneusement les terres et semer beaucoup de grains. Comme l’eau y manque souvent, ils y avaient fait construire en mille endroits ces fameux aqueducs qui, malgré les injures du temps et la négligence des Espagnols, rendent encore témoignage dans leurs ruines à la magnificence de l’ouvrage. Dans l’ordre de la culture, les champs du soleil avaient le premier rang, ensuite ceux des veuves et