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couvrir, moins pour empêcher que l’or ne sorte de leur pays que dans la crainte qu’on ne les force d’y travailler. La fameuse mine de Salcédo lui fut découverte par une Péruvienne qui l’aimait éperdument. On n’applique point les nègres au travail des mines, parce qu’ils y meurent tous. Les Péruviens mêmes n’y résistent, dit-on, qu’avec le secours de diverses herbes qui augmentent leurs forces. Il est certain, par l’aveu des Espagnols, que rien n’a tant contribué que ce pénible exercice à diminuer le nombre des habitans naturels du Pérou, qui se comptait par millions avant la conquête. Les mines de Guancavelica ont eu plus de part que toutes les autres à leur destruction. On assure que, lorsqu’ils y ont passé quelque temps, le mercure les pénètre avec tant de force, que la plupart deviennent tremblans, et meurent hébétés. Les cruautés des corrégidors et des curés en ont aussi forcé plusieurs de s’aller joindre à diverses nations voisines, qui ont toujours rejeté la domination espagnole.

Il reste une branche de la famille des incas qui jouit d’une singulière distinction à Lima. Le chef, qui porte le nom d’ampuero, est non-seulement reconnu du roi d’Espagne pour descendant des empereurs du Pérou, mais, en cette qualité, sa majesté catholique lui donne le titre de cousin, et lui fait rendre par les vice-rois une, espèce d’hommage public à leur entrée. L’ampuero se met à un balcon sous un dais avec sa femme, et le vice-roi, s’avançant