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Espagnols se trouvent un peu renforcés par le grand nombre d’esclaves nègres qui leur coûtent assez cher, et qui font la plus grande partie de leur richesse et de leur magnificence. Ceux-ci, faisant fond sur l’affection de leurs maîtres, imitent leur conduite à l’égard des Péruviens, et prennent sur eux un ascendant qui nourrit une haine implacable entre ces deux nations. Les ordonnances sont d’ailleurs remplies de sages précautions pour empêcher qu’elles ne se lient. Il est défendu, par exemple, aux nègres et aux négresses d’avoir aucun commerce d’amour avec les Américains et Américaines ; sous peine, pour les mâles, d’être mutilés ; et pour les négresses, d’être rigoureusement fustigées. Ainsi les esclaves nègres, qui dans d’autres colonies sont les ennemis des blancs, sont ici les partisans de leurs maîtres. Cependant il ne leur est pas plus permis qu’aux Américains de porter des armes, parce qu’ils en ont quelquefois abusé.

L’invincible aversion des Péruviens pour les Espagnols produit un autre mal, qui n’a pas cessé depuis la conquête. Elle fait que les trésors enfouis et les plus riches mines dont ils ont entre eux la connaissance demeurent cachés, et par conséquent inutiles aux uns et aux autres ; car les Américains mêmes n’en tirent aucun parti pour leur propre usage : ils aiment mieux vivre de leur travail et dans la dernière misère. Personne ne doute qu’ils ne connaissent plusieurs belles mines qu’ils ne veulent pas dé-