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tuels sont ceux qui exercent la profession de barbier ; ils y joignent ordinairement celle de chirurgien, du moins pour la saignée ; et, au jugement même de Jussieu et de Séniergues, ils peuvent aller de pair avec les plus fameux phlébotomistes de l’Europe.

Quelquefois les Péruviens sont attaqués d’une sorte de fièvre maligne dont la guérison est également prompte et singulière ; ils approchent le malade du feu, et le placent sur deux peaux de mouton ; ils mettent près de lui une cruche de chicha : la chaleur du feu et celle de la fièvre lui causent une soif qui le fait boire sans cesse ; ce qui lui procure une éruption si décisive, que, dans un jour ou deux, il est mort ou rétabli. Ceux qui échappent de ces maladies épidémiques jouissent long-temps d’une parfaite santé. Il n’est pas rare de voir des Péruviens, hommes et femmes, qui ont plus de cent ans.

Leurs occupations ordinaires se réduisent aux fabriques, à la culture des terres, et aux soins des bestiaux. Chaque village est obligé, par les ordonnances, de fournir tous les ans aux haciendas, ou métairies de son district, un certain nombre d’Américains, dont le salaire est déterminé : après une année de travail, ils retournent à leurs cabanes, et d’autres les remplacent. Ce service se nomme mita. On a renoncé à y avoir recours pour les fabriques, parce que, n’étant pas tous exercés au métier de tisserand, il y aurait peu d’utilité à tirer de