Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naître qu’on ne peut espérer de changer leur caractère, on a pris la résolution de fermer les yeux sur une partie de leurs désordres, ou d’employer d’autres voies pour y remédier.

La manière dont les Péruviens confessent leurs péchés paraîtra fort singulière. Lorsqu’ils entrent au confessionnal, où ils ne viendraient jamais, s’ils n’y étaient appelés, il faut que le curé commence par leur enseigner tout ce qu’ils ont à faire, et qu’il ait la patience de réciter avec eux le confiteor d’un bout à l’autre ; car, s’il s’arrête, le Péruvien s’arrête aussi : ensuite il ne suffit pas que le confesseur lui demande s’il a commis tel ou tel péché, mais il faut qu’il affirme que le péché a été commis, sans quoi le pénitent nierait tout. Quand le prêtre insiste et parle de certitude et de preuve, l’Américain s’imagine alors qu’il est instruit par quelque moyen surnaturel ; non-seulement il avoue le fait, mais il découvre les circonstances sur lesquelles il n’est point interrogé.

L’idée de la mort, et la crainte que son approche imprime naturellement à tous les hommes, ont beaucoup moins de force sur les Péruviens que sur les autres hommes. Dans leurs maladies, ils ne sont abattus que par la douleur ; ils ne comprennent pas que leur vie soit menacée, ni comment on peut la perdre les exhortations des prêtres ne paraissent pas les toucher. Ulloa, surpris de cette stupide indifférence, et croyant ne devoir l’attribuer qu’à la force du mal, eut la curiosité de voir, aux