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mens. Ce voyageur raconte qu’un Péruvien, ayant manqué à la messe pour s’être amusé à boire tout le matin, fut condamné au fouet, qui est la punition ordinaire dans ce cas. Après l’avoir subie sans se plaindre, il exécuta une autre partie de la loi, qui est d’aller trouver le curé, et de le remercier de son zèle pour ceux qu’il est obligé d’instruire ; car on a mis tout en œuvre pour leur donner une haute idée de la profession ecclésiastique. Le curé lui fit une réprimande, à laquelle il joignit une exhortation affectueuse à ne pas négliger les devoirs de la religion. À peine eut-il cessé de parler, que le Péruvien, s’approchant d’un air humble et naïf, le pria de lui faire donner encore le même nombre de coups pour le lendemain, qui était aussi fête, parce qu’ayant envie de boire encore il prévoyait qu’il ne pourrait assister à la messe.

On leur prodigue les instructions : ils ne disputent jamais, ils conviennent de tout ; mais au fond ils ne croient rien. Sont-ils malades et menacés de la mort, on les visite, on les exhorte à faire une fin chrétienne : ils écoutent sans donner aucune marque de sensibilité.

Un de leurs préjugés est de penser que la personne qu’ils épousent a peu de mérite, s’ils la trouvent vierge. Aussitôt qu’un jeune homme a demandé une fille en mariage, et qu’elle lui est accordée, les deux fiancés vivent ensemble comme s’ils étaient déjà mariés. Après s’être ainsi éprouvés mutuellement, le dégoût prend