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tience : c’est un ouvrage de Péruvien. Dans leurs fabriques de tapis, de rideaux, de couvertures de lits et d’autres étoffes, toute leur industrie consiste à prendre chaque fil l’un après l’autre, à les compter chaque fois, enfin à faire passer la trame ; et pour fabriquer une pièce de ces étoffes, ils emploient ainsi deux ans, et plus. On avoue que, si l’on prenait la peine de leur enseigner les méthodes qui abrègent leur travail, ils ont une facilité pour l’imitation qui leur ferait faire de grands progrès.

À la lenteur se joint la paresse, vice enraciné par une si longue habitude, que ni leur propre intérêt ni celui de leurs maîtres ne peuvent les porter volontairement au moindre effort pour le vaincre. S’ils ont des besoins indispensables, ils en laissent tout le soin à leurs femmes. Ce sont elles qui filent, qui font les chemisettes et les caleçons, unique vêtement des hommes ; la femme prépare la nourriture, tandis que le mari, accroupi à la manière des singes, l’encourage par ses regards. Il boit dans l’intervalle sans se donner le moindre mouvement, jusqu’à ce que la faim le presse, ou que l’envie lui prenne de visiter ses amis. L’unique travail qu’il fasse pour sa famille est de labourer une petite portion de terre qui forme ce qu’ils nomment leur chacatite ; mais ce sont encore les femmes et les enfans qui l’ensemencent, et qui ajoutent tout ce qui est nécessaire à la culture. Lorsqu’il est une fois nonchalamment accroupi, rien