Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

uns les autres, et portait des peines proportionnées aux délits. L’homicide, le vol et l’adultère étaient punis de mort. La polygamie fut défendue ; et le sage législateur voulut que chacun se mariât dans sa famille, pour éviter le mélange des lignées. Il ordonna aussi que les hommes ne se marieraient point avant l’âge de vingt ans, pour être en état de gouverner leur famille et de pourvoir à sa subsistance. Tout fut réglé, jusqu’à la forme des mariages. L’inca faisait assembler dans son palais, chaque année, ou de deux en deux ans, tout ce qu’il y avait de filles et de garçons nubiles de son sang ; il les appelait par leurs noms, et, prenant la main de l’époux et de l’épouse, il leur faisait se donner mutuellement leur foi aux yeux de toute sa cour. Le lendemain, des ministres nommés à cet effet allaient marier avec la même cérémonie tous les jeunes gens nubiles de Cusco ; et cet exemple était suivi dans toutes les bourgades par les curacas.

Manco établit le culte du soleil, comme la source apparente de tous les biens naturels. Il fit ériger à cet astre un temple, auquel il joignit une espèce de monastère pour les vierges consacrées à son service, qui devaient être toutes du sang royal.

Après avoir vu croître heureusement son empire, se sentant affaibli par l’âge et près de sa fin, il fit assembler la nombreuse postérité qu’il avait eue de son épouse et de ses mamaconas, les grands de sa cour et tous les curacas des