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offres avantageuses, les suivirent en foule à la montagne d’Huanacauri, où l’inca bâtit la ville de Cusco. Ses nouveaux sujets, charmés de la vie douce et paisible qu’il leur fit mener, se répandirent de toutes parts pour informer d’autres peuples de leur bonheur. Il se forma plusieurs peuplades, dont les plus considérables n’excédaient pas alors le nombre de cent maisons. L’empire de ce monarque s’étendait vers l’orient depuis Cusco jusqu’au fleuve de Paucartambo ; vers l’occident, jusqu’à la rivière d’Apurimac, c’est-à-dire environ huit lieues ; et vers le sud, neuf lieues jusqu’à Quequesama.

On ignore combien il s’était écoulé de temps depuis la fondation du nouvel empire jusqu’à l’arrivée des Espagnols. Il n’était resté aux Péruviens qu’une mémoire confuse de cette première époque ; et leurs quipos, ou les nœuds qu’ils faisaient à des fils pour conserver le souvenir des actions mémorables, n’ont donné là-dessus aucune lumière. Garcilasso juge qu’il s’était passé quatre cents ans entre ces deux événemens.

Quelque jugement qu’on veuille porter d’une si fabuleuse tradition, on doit admirer l’adresse du premier inca et de sa femme à tirer tant d’hommes de leur abrutissement. Cette entreprise demandait un génie supérieur au caractère des Américains. On a déjà dit que ce premier fondateur se nommait Manco Inca, et sa sœur ou sa femme, Mama Oello. Le mot