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peu froid, Garcilasso assure que les habitans ont pensé plusieurs fois à transférer la ville dans la vallée d’Yucay, qui en est à quatre lieues au nord, pour s’éloigner de ces montagnes, dont les sommets sont presque toujours couverts de neige ; mais l’air de Cusco ne laisse pas d’être tempéré, et le dessein de l’abandonner n’a pu venir que de l’opinion qu’on a toujours eue du canton d’Yucay, qui, étant abrité de toutes parts, passait, du temps même des incas, pour un des plus délicieux séjours du monde. Ils y avaient leurs principales maisons de campagne, dont on voit encore les magnifiques débris. L’évêque de Cusco, qui était autrefois le plus riche prélat de l’Amérique, mais qui depuis l’érection des siéges de Guamanga et d’Arequipa, ne jouit plus que de vingt mille piastres de rente, compte entre ses possessions la plus grande partie de cette vallée, et le reste appartient aux principaux Espagnols du pays, qui croient avoir quelque chose à désirer pour le bonheur de leur vie, lorsqu’ils ne peuvent s’en procurer une portion. L’usage de Cusco est d’y transporter les malades, qui ne sont jamais long-temps à s’y rétablir.

D’autres vallées rendent le voisinage de cette ville extrêmement agréable. Garcilasso vante celle de Caravaya. Il raconte qu’en 1566 on tira d’un rocher voisin une masse d’or de la grosseur d’une tête d’homme. Les savans de ce temps jugèrent que, si le hasard ne l’eût pas fait découvrir trop tôt, il y avait grande appa-