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Dans le même temps le Callao éprouva la même catastrophe ; mais la perte des édifices ne fut rien en comparaison de ce qui suivit. La mer s’étant retirée, comme on l’avait vu dans d’autres temps, revint furieuse, en élevant des montagnes d’écume, et tomba sur le Callao, qu’elle submergea. Elle se retira une seconde fois pour revenir plus furieuse encore ; et, par une nouvelle inondation, elle engloutit totalement cette malheureuse ville, dont il ne resta qu’un pan de muraille du fort de Sainte-Croix. Il y avait alors vingt-trois vaisseaux, à l’ancre dans le port ; dix-neuf furent submergés, et les quatre autres, enlevés par la force des eaux, demeurèrent embourbés dans la terre à une distance considérable du rivage. Les autres ports de cette côte eurent le même sort, entre autres, Cavalla et Guanapé. Les villes de Chançay et de Gaura, et les vallées de la Baranca, de Supé et de Pativilca, furent ruinées aussi par le tremblement de terre. Les cadavres qu’on découvrit sous les ruines de Lima, jusqu’au 31 octobre, étaient au nombre de mille trois cents, sans y comprendre une infinité d’estropiés. Au Callao, de quatre mille habitans qu’on y comptait, il n’en échappa que deux cents, et de ce nombre vingt-deux furent conservés par ce même pan de mur, qui sert comme de monument au malheur de cette ville.

La même nuit, un volcan qui s’ouvrit tout d’un coup à Lucanas, vomit une si énorme