Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nant que ce qui est inconnu dans les vallées soit très-fréquent à trente lieues de Lima. Les pluies et les orages y sont aussi réguliers qu’à Quito.

Les vents, quoique constans à Lima, varient peu : ils sont d’ailleurs fort modérés dans toutes les saisons ; et si cette ville n’était pas sujette à d’autres incommodités, ses habitans n’auraient rien à désirer pour l’agrément de la vie ; mais la nature a balancé ces avantages par des inconvéniens qui en diminuent beaucoup le prix. À ces vents des terres australes, qui se font généralement sentir dans les vallées, succèdent quelquefois des vents du nord, si faibles à la vérité, qu’à peine ont-ils la force de mouvoir les girouettes et les banderoles des vaisseaux ; c’est une petite agitation de l’air qui suffit pour faire remarquer que les vents du sud ne règnent plus. Elle arrive régulièrement en hiver ; et c’est par ce changement que les brouillards commencent ; mais ce léger souffle a des qualités si particulières, que, même avant que le brouillard soit condensé, les habitans en ressentent les effets par de violens maux de tête.

On a déjà remarqué combien le Pérou était sujet aux tremblemens de terre : ses habitans vivent dans de continuelles alarmes. Les secousses sont subites et se suivent ordinairement de près, et avec tant de violence, qu’elles inspirent de la terreur aux âmes les plus fortes. Don Ulloa en fait une peinture assez poétique