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l’on en recueille beaucoup, qui est de fort bonne qualité.

Beaucoup de négocians de Lima ne sont pas aussi riches qu’on pourrait le penser, à cause de leurs dépenses excessives et des riches dots qu’ils donnent à leurs filles : l’établissement des fils emporte aussi une grande partie du capital. D’une grande fortune il s’en forme ainsi plusieurs médiocres, et souvent l’opulence d’une famille finit avec celui qui l’a commencée. Mais si quelque chose peut donner une haute idée des richesses de Lima et du faste espagnol, c’est ce qui se passa en 1682 à la réception du duc de Palata, lorsqu’il vint éprendre possession de la vice-royauté. Les marchands firent paver les rues de la Mercade et de los Mercadores, par lesquelles il devait aller à la Place-Royale, où est le palais, de lingots d’argent quintés, qui pèsent ordinairement environ vingt marcs, longs de douze à quinze pouces, larges de quatre à cinq, et épais de deux à trois, ce qui pouvait faire la somme de quatre-vingts millions de piastres, ou quatre cent vingt millions de francs.

L’on peut dire que régulièrement il ne pleut jamais à Lima et dans les vallées ; jamais on n’y voit d’orage. Les habitans qui n’ont voyagé ni dans les montagnes, ni à Guayaquil, ni au Chili, ignorent ce que c’est que le tonnerre et les éclairs, et leur frayeur est égale à leur étonnement la première fois qu’ils sont témoins de ces météores ; mais il n’est pas moins surpre-