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vailler continuellement le jour et la nuit. On les nourrit mal ; on leur laisse peu de temps pour le sommeil. En peu de mois l’esclave le plus vigoureux est tout-à-fait affaibli. Enfin cet état est si redoutable pour eux, que l’idée seule sert à les contenir ; et ceux qui s’y trouvent condamnés font les plus grands efforts pour obtenir grâce de leurs maîtres. On sait que le même usage existait chez les Grecs et chez les Romains.

Le mouton est la viande la plus ordinaire à Lima ; elle y est de très-bon goût. Le bœuf y est aussi fort bon, mais on en mange peu ; deux ou trois bœufs suffisent par semaine pour toute la ville. La volaille y est excellente et très-abondante. Le gibier y est moins commun : il consiste particulièrement en perdrix, tourterelles et sarcelles. La chair de cochon est celle dont on consomme le plus ; elle est bonne sans être aussi délicate qu’à Carthagène. Toutes les viandes, et le poisson même, sont accommodées avec du sain-doux, ce qui vient apparemment de ce qu’à l’arrivée des Espagnols le Pérou n’avait point d’huile ; et depuis qu’il en produit, l’ancienne nécessité s’est comme tournée en habitude. Ce fut en 1560 qu’Antoine de Ribéra planta le premier olivier qu’on ait vu dans ce pays.

On apporte des montagnes, comme un mets fort délicat, du veau gelé ; les étrangers mêmes le trouvent tel. Toute la préparation consiste à laisser la chair des veaux un jour ou deux à l’air