Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’Alaméda, au faubourg San-Lazaro, formée par cinq allées d’orangers et de citronniers, longues d’environ deux cents toises ; celle d’Acho, qui offre aussi de belles allées d’arbres, sur les bords de la rivière, et quelques autres où l’on voit chaque jour une foule de carrosses ou de calèches.

Le voisinage de Lima n’a plus d’autres monumens d’antiquité que des guacas, ou d’anciens sépulcres américains, et quelques restes de murailles qui bordaient les grands chemins ; mais, à trois lieues de la ville, au nord-est, on voit encore dans la vallée de Guacachipa les murs d’une grande bourgade. Ces murs et ceux que l’on rencontre dans d’autres vallées voisines, quoique construits sur la surface de la terre sans mortier et sans ciment, ont résisté jusqu’à présent aux plus violentes secousses des tremblemens de terre, tandis que les plus solides édifices de Lima et de tous les lieux bâtis par les architectes espagnols y ont succombé. On en conclut que l’expérience servait de maître aux naturels du pays, et leur enseignait que, dans une contrée si sujette aux tremblemens de terre, le mortier n’était pas propre rendre les bâtimens plus fermes. Aussi assure-t-on que les Américains, remarquant la méthode de leurs premiers conquérans, se moquaient d’eux, et disaient que les Espagnols creusaient des tombeaux pour s’enterrer ; mais ce qui n’est pas moins surprenant, c’est qu’après avoir vu les nouvelles villes du Pérou si sou-