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sème ont environ deux pieds de bonne terre : mais si l’on creuse au delà, on n’y trouve plus que des cailloux roulés ; d’où l’on conclut que la mer couvrait autrefois tout cet espace. Au reste, on ne creuse pas à quatre ou cinq pieds dans ce terroir sans y trouver de l’eau. On pense que l’eau de la mer s’y insinue et s’y filtre aisément, et qu’un grand nombre de ruissaux et de torrens qui coulent des montagnes, se perdent dans cette plaine avant d’avoir pu se joindre aux rivières. Il se trouve même des rivières qu’on n’aperçoit point, parce que leur lit est rempli de pierres ; mais un animal n’y peut mettre les pieds sans y faire jaillir l’eau. Cette abondance de sources souterraines contribue sans doute à la fertilité du pays, surtout pour les grands végétaux, dont les racines pénètrent assez loin pour en être sans cesse humectées.

Outre les vergers, les jardins et les plantations, qui répandent une variété charmante dans les campagnes, la nature seule fournit, en divers endroits, un coup d’œil agréable aux habitans, et une nourriture abondante aux troupeaux. Les collines de San-Christoval et d’Amancaès sont couvertes au printemps d’une brillante verdure émaillée d’une grande variété de fleurs. On rencontre çà et là les mêmes agrémens à cinq ou six lieues à la ronde. Amancaès tire son nom d’une très-belle fleur jaune dont la colline est couverte. Outre ces promenades, la ville en a de publiques ; celle