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surer qu’elles sont toutes gaies et badines. De toutes parts on n’entend que des chansons vives et ingénieuses, ou des concerts de voix et d’instrumens. Les bals sont fréquens ; on y danse avec une légèreté qui étonne. En général, rien n’est plus opposé à la mélancolie que l’humeur des habitans de Lima, et leur goût pour la musique et la danse aide encore à faire régner le plaisir.

Avec leur vivacité et leur pénétration naturelle, ils ne manquent point de lumières acquises : ils marquent un vif désir de s’instruire dans la conversation des personnes éclairées qui viennent d’Espagne. Leur usage de former entre eux de petites assemblées ne sert pas peu à leur aiguiser l’esprit par l’émulation : c’est une école continuelle. D’ailleurs ils sont d’un caractère docile, quoiqu’un peu fier. En ménageant leur amour-propre, on est toujours sûr de les trouver complaisans. Ils aiment les manières douces, et les bons exemples font sur eux une grande impression. On assure aussi qu’ils sont courageux, mais qu’ayant un point d’honneur qui ne leur permet ni de dissimuler un affront, ni de se faire la réputation de querelleurs, ils vivent entre eux fort tranquillement. C’est surtout dans la noblesse qu’on voit briller les meilleures qualités de l’esprit et du cœur. Sa politesse est sans bornes pour les étrangers. Les mulâtres, moins polis et moins éclairés, sont plus sujets aux défauts qui blessent la société ; ils sont rudes, altiers, inquiets,