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représente néanmoins un peu hautaines, à l’égard même de leurs maris, quelles aiment à gouverner ; mais il trouve des raisons pour excuser ce faible, d’autant plus, ajoute-t-il, que, si les maris s’y conforment, ils en sont bien dédommagés par des attentions et des complaisances qu’elles portent plus loin que dans aucun autre pays du monde.

Elles aiment beaucoup les odeurs : elles mettent de l’ambre derrière leurs oreilles, dans leurs robes et dans toutes les pièces de leur ajustement. Leurs bouquets mêmes sont chargés d’ambre, comme s’il manquait quelque chose au parfum naturel des fleurs. Elles entrelacent leurs cheveux des fleurs les plus éclatantes, elles en garnissent leurs manches. L’approche d’une femme est annoncée par les délicieuses vapeurs qu’elle exhale. La grande place offre comme un jardin perpétuel, dans l’abondance et la variété des fleurs que les Américaines y viennent étaler. On y voit les dames, dans leurs calèches dorées, acheter ce qu’elles trouvent de plus agréable ou de plus rare, sans faire attention au prix ; et ce spectacle y attire sans cesse beaucoup d’hommes. Au reste, chaque femme, dans sa sphère, se règle sur celles du rang le plus distingué, sans excepter les négresses mêmes, qui veulent imiter les femmes de qualité jusque dans leur chaussure.

La musique est une passion commune aux femmes de tous les ordres : on peut même as-