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attachée par un ruban qui ceint le corps. Quelques-unes, pour se distinguer, ajoutent çà et là des diamans montés en or. Enfin la femme d’un simple particulier, quand elle sort dans toute sa parure, a sur elle en ornemens la valeur de trente à quarante mille écus ; et, ce qui surprend encore plus les étrangers, c’est l’indifférence qu’elles affectent pour tant de richesses. Elles en ont si peu de soin, qu’il y a toujours quelque chose à raccommoder, et qu’une partie s’use ou se perd ayant le terme naturel de sa durée. Pour aller à l’église, elles prennent un voile de taffetas noir et une longue jupe. Pour la promenade, c’est une cape et une jupe ronde. Elles sont alors accompagnées de trois ou quatre esclaves de leur sexe, négresses ou mulâtres, en livrée comme des laquais.

Les femmes de Lima sont la plupart belles ou jolies, et de taille moyenne ; à leurs beaux cheveux elles unissent une peau très-blanche, sans le secours d’aucun fard, de la vivacité dans la physionomie, des yeux charmans et un teint admirable. Don Ulloa leur attribue les avantages de l’esprit comme ceux du corps. « Elles ont, dit-il, de la pénétration ; elles pensent avec justesse, et s’expriment avec élégance ; leur conversation est douce et amusante. » En un mot, il les trouve si aimables, que cette raison seule lui paraît expliquer pourquoi tant d’Européens forment des attachemens à Lima et s’y fixent par les nœuds du mariage. Il les