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la ceinture. En été l’on ne voit point de femme qui n’ait la tête couverte d’un voile de batiste, ou de linon très-fin, garni de dentelles. En hiver, dans leurs maisons, les femmes s’enveloppent d’un rebos, qui n’est qu’une simple pièce de bayette ou de flanelle ; mais en visite le rebos est orné comme le jupon. Quelques-unes le garnissent de franges d’or et d’argent ; d’autres, de galons de velours noir. Sur le jupon, elles mettent un petit tablier pareil aux manches du pourpoint. On peut s’imaginer ce que coûte un habillement où l’on emploie plus de matière pour les garnitures que pour le fond, et l’on ne sera pas étonné que la seule chemise revienne quelquefois à plus de mille écus.

Un des agrémens dont les femmes se piquent le plus à Lima, c’est de la petitesse de leur pied : elle passe pour une si grande beauté, qu’on y raille les Européennes de l’avoir trop grand. Dès l’enfance on fait porter aux filles des souliers si étroits, qu’en avançant en âge, la plupart n’ont les pieds longs que de cinq ou six pouces. Les souliers sont plats et sans semelle : un morceau de maroquin sert tout à la fois de semelle et d’empeigne. Ils ont la pointe aussi large et aussi longue que le talon ; ce qui leur donne la forme d’un 8. Rien n’est moins commode ; mais elles prétendent que le pied en demeure plus régulier. Ils se ferment avec des boucles de diamans ou d’autres pierreries, plus pour l’ornement que pour l’usage ; car étant