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dans ses habits que l’Espagnol de la première distinction. Aussi l’industrie invente-t-elle tous les jours de nouvelles étoffes, et celles qui viennent de l’Europe sont promptement débitées. Le prix n’arrête personne ; chacun se pique d’avoir les plus belles ; et, par une autre ostentation, on n’en a pas même le soin que semble demander leur cherté. Mais le luxe des femmes l’emporte beaucoup sur celui des hommes, et la différence est d’ailleurs si grande entre leur parure et celle des dames d’Espagne, qu’elle mérite quelque détail.

Don Ulloa ne dissimule point qu’elle paraît d’abord indécente. « Il n’y a que l’usage, dit-il, qui puisse la rendre supportable. » Cet habillement se réduit à la chaussure, la chemise, un jupon de toile, qui se nomme fustan, et qui n’est que ce qu’on nomme en Europe une jupe blanche ou de dessous ; ensuite une jupe ouverte ou faldelin, et un pourpoint.

Les manches de la chemise, longues d’une aune et demie, et larges de deux, sont garnies d’un bout à l’autre de dentelles unies. Par-dessus la chemise et le pourpoint, dont les manches sont fort grandes, elles sont de batiste très-fine, couverte d’une profusion de dentelles. La chemise est arrêtée sur les épaules par des rubans qui tiennent au corset ; ensuite les manches rondes du pourpoint se retroussent sur les épaules, et celles de la chemise par-dessus : ces quatre rangs de manches forment quatre espèces d’ailes, qui descendent jusqu’à