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Cette ville étant comme le centre de tout le commerce du Pérou, il y aborde quantité d’Européens, les uns pour y travailler à leur fortune, les autres pour exercer les emplois auxquels ils ont été nommés par la cour. Plusieurs s’en retournent après avoir fini leurs affaires ; mais la plupart, charmés des agrémens et de la fertilité du pays, s’y attachent par des mariages, ou par de simples engagemens de commerce ; qui tournent, après eux, à l’avantage des parens qu’ils ont laissés en Espagne.

Les nègres et les mulâtres font la plus grande partie des habitans ; ils exercent les arts mécaniques ; ce qui n’empêche point, comme à Quito, que les Européens ne s’adonnent aussi aux mêmes professions. À Lima, le but de chacun est de s’enrichir ; nul n’y met obstacle. La troisième et dernière espèce d’habitans est celle des Américains et des métis, dont le nombre n’est pas proportionné à la grandeur de la ville, ni à la quantité des mulâtres. Leur occupation est de cultiver les terres, de faire des ouvrages de porterie, et de vendre les denrées aux marchés ; car tout le service domestique se fait par des nègres et des mulâtres, libres ou esclaves ; mais le plus grand nombre est de cette dernière classe.

L’habillement des hommes ne diffère à Lima de celui d’Espagne que par un excès de luxe, qui règne généralement dans toutes les conditions. Celui qui peut acheter une étoffe est en droit de la porter ; et le mulâtre qui exerce un vil métier est quelquefois plus magnifique