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sang qu’un capitaine espagnol épousa au temps de la conquête, et dans une haute distinction. Les rois d’Espagne lui ont accordé des honneurs et des prérogatives, qui portent les personnes du nom le plus illustre à rechercher son alliance. Toutes ces familles font une figure convenable à leur rang : elles ont un grand nombre de domestiques et d’esclaves, de carrosses, et de calèches ; ces dernières voitures sont communes jusque dans la bourgeoisie ; elles ne sont tirées que par une mule, et n’ont que deux roues et deux siéges, l’un sur le devant, et l’autre sur le derrière, qui peuvent tenir quatre personnes. La plupart sont dorées et d’une forme agréable ; aussi coûtent-elles jusqu’à mille écus. On en fait monter le nombre à cinq ou six mille ; celui des carrosses est aussi fort grand.

Aux terres et aux emplois, qui font le principal soutien des familles nobles, il est permis à Lima de joindre les profits du commerce ; la qualité de commerçant n’y est point incompatible avec la noblesse. Une déclaration royale, aussi ancienne que la conquête, a guéri les Espagnols de la répugnance qu’ils avaient pour ce moyen de s’enrichir. Elle porte expressément « que, sans déroger, et sans craindre l’exclusion des ordres militaires, on peut exercer le commerce en Amérique. » Don Ulloa regrette que cette heureuse loi ne soit pas commune à tous les royaumes d’Espagne, qui en ressentiraient bientôt de grands avantages.