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toure le port ; les maisons y sont de bois, à l’exception de quelques-unes dont le premier étage est de pierre. On n’en compte guère plus de cent trente, mais grandes et commodes : elles forment ensemble une rue principale qui suit la figure du port, avec quelques ruelles qui la traversent du penchant de la montagne au rivage. Un quartier se nomme la Petite-Guinée, parce qu’il renferme tous les Nègres libres. Il est fort peuplé à l’arrivée des galions ; la plupart des habitans de la ville, trouvant du profit à louer leurs maisons aux Européens de la flotte, se retirent dans cette espèce de faubourg, où ils ne font pas difficulté de se réduire aux cabanes des Nègres. Du côté de la mer, dans un terrain spacieux entre la ville et le château de la Gloria, on dresse des baraques pour les matelots, qui se font de leur côté des boutiques où ils étalent toutes sortes de denrées et de fruits d’Espagne ; mais la foire n’est pas plus tôt finie, que tout disparaît avec les vaisseaux, et la ville redevient déserte.

Le seul nom du port en fait connaître les avantages. L’entrée en est large, mais assez bien défendue par un château nommé Saint-Philippe de Todo-Fiéro, et situé à la pointe du nord. On compte environ six cents toises d’une pointe à l’autre, c’est-à-dire, un peu moins qu’un quart de lieue : le côté du sud n’a pas besoin d’autre défense que les pointes et les rochers qui sont à fleur d’eau. Sur la côte que le port forme au sud et vis-à-vis de la rade, est le fort