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Qui pourrait se persuader, sans l’avoir éprouvé, ou du moins sans des témoignages dignes de foi, qu’au centre de la zone torride, sous l’équateur même, non-seulement la chaleur n’ait rien d’incommode, mais qu’il y ait des cantons où le froid est très-sensible, et que dans d’autres on jouisse sans cesse de tous les charmes du printemps ? La douceur de l’air et l’égalité des jours et des nuits font trouver mille délices dans un pays qu’on croirait inhabitable. On le préfère aux pays situés sous les zones tempérées, où l’incommodité du changement des saisons se fait sentir par le passage du froid au chaud, et du chaud au froid. La nature rend le climat de Quito si délicieux par la réunion de diverses circonstances, dont une seule ne pourrait manquer sans le rendre inhabitable. La principale est l’élévation du terrain au-dessus de la superficie de la mer, ou même de toute la terre. Cette élévation diminue la chaleur, parce que, dans un pays qui occupe une si haute région de l’atmosphère, les vents sont plus subtils, la congélation plus aisée, et la chaleur moins ardente : effets si naturels, qu’il ne faut pas chercher d’autre principe de la température qu’on y admire, et des autres merveilles que la nature y étale ; d’un côté, des montagnes d’une hauteur et d’une étendue immenses, couvertes de glace et de neige depuis leur sommet jusqu’à leur croupe ; de l’autre, quantité de volcans, dont les entrailles ne cessent point de brûler ; un air