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et l’on en voit même de fort vieux. L’unique exercice des personnes de distinction qui n’ont pas pris le parti de l’église est de visiter leurs biens de campagne, et d’y passer tout le temps de la récolte. On en voit peu qui s’appliquent au commerce : ils l’abandonnent aux Européens, qui prennent la peine de voyager dans cette vue. Ce désœuvrement général, qui ne peut venir que d’un fonds naturel d’indolence et de paresse, a répandu dans Quito un goût plus vif que dans tout le reste de l’Amérique, pour une espèce de danse qui se nomme fandango. Les postures y sont fort indécentes, surtout parmi le peuple, qui ne se livre à cet amusement qu’en s’enivrant d’eau-de-vie de cannes, et d’une autre liqueur nommée chica, dont les effets troublent ordinairement la fête par quelque désastre.

Le peuple, surtout parmi les métis et les Américains, est extrêmement porté au larcin, et l’exerce avec une adressé extraordinaire. Les métis, quoique naturellement poltrons, sont des filous fort hardis ; ils enlèvent particulièrement les chapeaux, et le vol est quelquefois considérable, parce que les personnes de condition et les bourgeois mêmes qui ont quelque bien portent des chapeaux blancs de castor, qui coûtent quinze à vingt écus, entourés d’un cordon d’or ou d’argent, avec une boucle de diamans ou d’émeraudes montée en or.

On ne regarde pas comme un crime à Quito de dérober les choses comestibles ni les usten-