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pierres en forme de mur fort épais, pour se dispenser d’y entretenir, comme on l’avait fait long-temps, vingt nègres des plus vigoureux, qui réparaient continuellement les brèches que la mer et le mauvais temps faisaient à l’île. Dans ce mur, ou dans ce quai, on avait entremêlé des barres de fer avec de gros anneaux auxquels les vaisseaux étaient attachés par des chaînes ; de sorte qu’ils étaient si près de l’île, que les matelots pouvaient sauter du pont sur le quai. Il avait été commencé par le vice-roi don Antoine de Mendoza, qui avait fait construire deux boulevarts aux extrémités. Hawkes, qui fit un voyage dans le golfe, en 1572, rapporte qu’on s’occupait alors à bâtir le château ; et Philips raconte qu’il était fini en 1582. C’est donc cette île qui défend les vaisseaux contre les vents du nord, dont la violence est extrême sur cette cote. On n’oserait mouiller au milieu du port même, ni dans un autre lieu, qu’à l’abri du roc d’Ulua : à peine y est-on en sûreté avec le secours des ancres et l’appui des anneaux qui sont aux murs du château. Il arrive quelquefois que la force du vent rompt tous les câbles, arrache les vaisseaux et les précipite contre les autres rochers, ou les pousse dans l’Océan : ces vents furieux ont emporté quelquefois des vaisseaux et des maisons bien loin dans les terres. Ils causent les mêmes ravages dans toutes les parties du golfe. Une tempête en fait souvent traverser toute l’étendue au navire le plus pesant. Depuis le mois de mars jusqu’au