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passés entre les mains des ecclésiastiques, les Espagnols et les autres Européens, qui ne trouvent plus moyens de se faire un fonds certain, ont peu de goût pour le mariage, et se jettent eux-mêmes à la fin dans l’état ecclésiastique. Quoique la ville n’ait pas moins de vingt-neuf couvens d’hommes et vingt-deux de filles, ils sont tous d’une opulence qui cause de l’étonnement aux étrangers. On y vit à fort bon marché ; une demi-piastre suffit chaque jour pour la dépense d’un homme ; mais, comme il n’y a point d’espèces de cuivre, et que la moindre pièce d’argent est une demi-réale, on est dans un embarras continuel pour le commerce des denrées telles que les fruits et les légumes. De même qu’avant la conquête, les amandes de cacao sont la monnaie courante du marché aux herbes, sur le pied de soixante ou quatre-vingts pour une réale, suivant le prix du cacao, qui n’est jamais fixe.

Le collége des carmes déchaux, qui se nomme Saint-Ange, possède une des plus belles bibliothèques de l’Amérique ; elle contient douze mille volumes. Le jardin, qui s’étend hors de la ville, dans une circonférence d’environ trois quarts de lieue, est arrosé par une grosse rivière ; ce qui le rend si fertile, que ses arbres fruitiers rapportent plus de treize mille piastres au couvent.

Gemelli suit dans ses descriptions l’ordre de ses visites : il vit le trésor royal, qui est dans le palais du vice-roi. Trois officiers en ont la