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lui répondaient de la soumission des habitans ; mais, pour ne rien donner au hasard, il fit séparer la demeure des Espagnols de celle des Mexicains par un large canal. La promesse qu’il avait fait publier de donner à tous les Mexicains qui voudraient s’établir sous sa protection un fonds pour bâtir, dont les enfans hériteraient après eux, et des priviléges qui les distingueraient du reste de la nation, lui attira plus de monde qu’il n’avait osé l’espérer. Il donna aux principaux seigneurs des rues entières à bâtir, en les nommant chefs des quartiers qu’ils auraient peuplés. Don Pierre Montézuma, fils de l’empereur de ce nom, et Xitivaco, général des troupes de Guatimozin, furent distingués dans cette distribution. On prit le parti de remplir la plupart des anciens canaux, lorsqu’on eut observé qu’ils jetaient quelquefois une vapeur incommode. Le travail fut poussé avec tant d’ardeur, que, dans l’espace de peu de mois, on vit s’élever environ cent mille maisons beaucoup plus belles et dans un meilleur ordre que les anciennes. Les Espagnols bâtirent à la manière d’Espagne et Cortez se fit ériger sur les débris du tépac un palais si somptueux, qu’aujourd’hui même, qu’il continue de servir de logement aux vice-rois, il n’est pas alloué moins de quatre mille ducats au profit de ses descendans. Pour faire prendre une forme solide à son établissement, il engagea tous les Espagnols mariés à faire venir leurs femmes ; et quantité d’autres fa-