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la fois ; mais l’héritage du trône regardant les seuls enfans des trois impératrices, les autres étaient dans l’usage de prendre des drogues pour faire périr leur fruit. La plupart étaient les filles des principaux seigneurs, entre lesquelles Montézuma s’était attribué le droit de choisir celles qui lui plaisaient. Elles étaient entretenues avec autant de propreté que d’abondance ; mais leurs moindres fautes étaient sévèrement punies. Christophe Olid et d’autres officiers de Cortez en épousèrent quelques-unes, dont l’empereur leur fit présent, et qui reçurent le baptême, pour se rendre dignes de l’alliance espagnole.

Outre le tépac, qui signifie proprement palais, l’empereur avait dans la ville plusieurs autres maisons, dont chacune offrait des spectacles fort singuliers. Dans l’une, qui contenait de grandes galeries soutenues sur des colonnes de jaspe, on voyait toutes les espèces d’oiseaux qui naissent au Mexique, et dont on estime le plumage et le chant. Les oiseaux marins étaient nourris dans un étang d’eau salée, et ceux de rivière dans de grandes pièces d’eau douce ; mais chaque galerie était peuplée de ceux des bois et des champs, entre lesquels il s’en trouvait de fort étranges, dont les Espagnols n’avaient aucune connaissance. On les plumait dans certaines saisons pour tirer un grand profit de leurs plumes ; marchandise précieuse qui servait à faire des étoffes, des tableaux et d’autres ornemens. Plus de trois