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qu’il s’employait à rétablir le calme parmi tant de nations qu’il avait subjuguées, à rebâtir Mexico et plusieurs autres villes, à confirmer ses établissemens par des lois, en un mot, à jeter les fondemens de l’ordre qui règne aujourd’hui dans ses conquêtes, tous les efforts de la haine et de l’envie ne purent empêcher qu’on ne lui rendît justice à la cour d’Espagne.

L’empereur Charles, libre enfin des grandes occupations qui l’avaient retenu en Allemagne, crut sa gloire intéressée à terminer un différent dont il se reprocha d’avoir abandonné la connaissance à ses ministres. L’évêque de Burgos, qui s’était déclaré l’ennemi de Cortez comme il l’avait été des Colomb, fut éloigné du conseil. Un tribunal composé des plus grands personnages de l’Espagne eut ordre d’éclaircir les ténèbres qu’on avait jetées sur les droits de la valeur et de la fortune. Les agens des deux partis assistèrent à toutes les assemblées : on lut leurs mémoires ; ils furent interrogés ; ils répondirent. Enfin quelques jours de délibération mirent les commissaires en état de juger « que Vélasquez, n’ayant point d’autre titre sur la Nouvelle-Espagne que celui d’avoir fait quelque dépense pour cette entreprise, et d’avoir nommé Cortez, ses prétentions devaient se réduire à la restitution de ce qu’il y avait employé, après avoir prouvé que ces avances étaient de son propre bien et n’avaient point été prises sur les effets royaux,