Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/381

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de grandes aspirations, qu’ils tirent avec effort du fond de leur poitrine ; après quoi, le cacique ayant rejoint Barrionuevo, ils convinrent ensemble des articles suivans : que le cacique rappellerait incessamment tous ceux qui reconnaissaient son autorité, et qui étaient répandus en différens quartiers de l’île ; qu’il les obligerait de reconnaître, à son exemple, l’empereur pour leur souverain ; qu’il ferait chercher les nègres fugitifs, et qu’à des conditions dont on conviendrait, il les forcerait de retourner à leurs maîtres ; qu’il se chargerait de retenir tous les Américains dans l’obéissance ou d’y faire rentrer ceux qui pourraient s’en écarter ; que, pour lever toute ombre de défiance, il descendrait incessamment dans la plaine, où l’audience royale lui donnerait pour son entretien un des plus nombreux troupeaux de l’empereur. Les traités ne se concluant jamais chez ces peuples que dans un festin, on se garda bien de manquer à l’ancien usage. Barrionuevo avait fait apporter de l’eau-de-vie et du riz ; les Américains fournirent le gibier et le poisson : la joie fut vive, et l’accord scellé par de nouvelles protestations. Cependant don Henri, et dona Mancia, sa femme, ne touchèrent à rien, sous prétexte qu’ils avaient déjà dîné. Ce refus qui avait un air de défiance, alarma le général ; mais, ayant eu la prudence de dissimuler, il ne trouva d’ailleurs que des apparences de bonne foi dans le cacique, qui lui promit de se rendre