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les périls, il était né pour la gloire et pour commander. Son ascendant naturel subjuguait jusqu’à ses rivaux, ce qui rend plus excusable la confiance qui le livra à ses ennemis. Doux affable, humain, adoré de ses soldats, exposant volontiers sa vie pour le moindre d’entre eux et même pour ses domestiques, on ne peut lui reprocher que la mort d’Atahualpa, qu’il permit, et qu’il crut devoir permettre : tant il est difficile à l’ambition de se séparer de l’injustice et de la cruauté !

Cependant Vacca de Castro, envoyé par la cour pour rétablir l’ordre, arrivait à Panama. Sa commission lui déférait le commandement général en cas que le vice-roi mourût. Devenu gouverneur du Pérou par la mort de Pizarre, il se fit reconnaître des principaux commandans, et Holguin Garcias et Alfonse d’Alvarado se joignirent à lui avec l’élite des troupes espagnoles. Le jeune d’Almagro, sommé de reconnaître l’autorité royale, pour toute réponse fit pendre le député de Castro. On se battit avec toute la fureur qu’annonçait ce premier acte de violence. La victoire fut long-temps disputée. Elle fut due principalement à la bravoure déterminée de François Carjaval, l’un des officiers de Castro, et alors âgé de plus de quatre-vingts ans. Cet aventurier, dont le nom est si fameux et si exécrable dans l’histoire du Nouveau Monde, est peut-être, de tous les brigands qui le dévastèrent, celui qui commit le plus de forfaits et qui versa le plus