Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/348

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vières, une vaste province, qui n’était habitée que par des femmes, dont la reine se nommait Guaboymilla, c’est-à-dire, en langue du pays, ciel d’or, parce que, outre l’or que la nature y produisait en abondance, elles faisaient des étoffes d’une merveilleuse richesse. C’était apparemment le pays des Amazones, découvert quelques années après par Orellana ; mais l’existence de cette prétendue nation d’Amazones n’a jamais été prouvée.

Almagro revint bientôt sur ses pas ; outre les difficultés qui le rebutaient, les nouvelles qu’il reçut du soulèvement général des peuples du Pérou le ramenèrent bientôt des contrées du Chili. Manco Inca, en butte aux soupçons des espagnols et aux violences qui en étaient la suite, avait été renfermé dans la forteresse de Cusco. Le marquis étant alors à los Reyes, l’inca n’avait eu d’autre ressource contre la rigueur des officiers espagnols que de recourir à Jean Pizarre, occupé dans le même temps à réduire quelques Péruviens qui s’étaient retirés dans des rochers. Il l’avait fait prier de lui rendre la liberté pour lui sauver l’humiliation de se trouver dans les chaînes à l’arrivée de Fernand, dont on attendait incessamment le retour ; et Jean Pizarre lui avait accordé cette faveur. Fernand, revenu d’Espagne avec la qualité de chevalier de Saint-Jacques, dont l’empereur l’avait gratifié, prit beaucoup de confiance et d’amitié pour Manco. Deux mois après, ce prince lui demanda la permission