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soldats. Pizarre était impatient qu’Alvarado s’éloignât de la côte maritime. Il était encore dans la vallée de Pachacamac. Ce fut dans ce lieu que le gouverneur se hâta de l’aller joindre, et de lui payer la somme stipulée par son associé. Il lui rendit tous les honneurs qui pouvaient flatter son ambition. Aux cent mille pesos d’or il en joignit cent mille autres, avec un riche présent de vaisselle d’or et d’argent, d’émeraudes et de turquoises. Il se crut obligé à cette profusion pour un homme qui venait de ruiner le plus dangereux des généraux péruviens, dont la défaite entraînait celle de la plupart des autres capitaines qui tenaient encore pour les incas. Après ces arrangemens, Alvarado partit pour son gouvernement de Guatimala, et le gouverneur envoya don Diègue à Cusco. Il lui recommanda de traiter avec douceur l’inca Manco, qu’il y avait laissé sous la garde de ses deux frères, Jean et Gonzale, et de ménager les Péruviens qui s’étaient soumis volontairement. Libre de tous ces soins, il alla fonder au bord de la mer, sur la rivière de Rimac, ou Lima, la fameuse ville à laquelle il donna le nom de los Reyes, parce qu’il en fit jeter les fondemens le 6 janvier, jour consacré à la fête des Rois.

Cependant Fernand, son frère, apportait d’heureuses nouvelles d’Espagne. L’empereur, content des affaires du Pérou, lui accorda des lettres par lesquelles François Pizarre était