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pitaines, pour leur enjoindre de vivre en paix avec les Viracochas. « Souvenez-vous, leur dit-il, qu’Huayna Capac, mon père, nous ordonna par son testament et par un oracle dont l’accomplissement a commencé sous nos yeux. Obéissez, c’est ma dernière volonté ; je vous recommande l’exécution des ordres de l’inca mon père. » En effet, ce discours, et l’espoir d’une paix dont on n’attendait plus que la ratification, portèrent Quisquiz à s’abstenir de toutes sortes d’hostilités.

Manco Inca, légitime héritier des deux rois, averti de la négociation par Titu-Autachu son frère, et par Quisquiz, eut assez bonne opinion des Viracochas pour ne pas douter qu’ils n’accordassent une paix qui leur était demandée à des conditions si raisonnables. Il voulut même aller à Cusco, et conférer personnellement avec l’apu ; c’est le titre que les Péruviens donnaient au gouverneur. Ses officiers lui conseillaient de ne traiter que les armes à la main, ils craignaient pour lui le sort d’Atahualpa qui s’était livré par une aveugle imprudence : mais il rejeta de si timides conseils. Rien de plus sage et de plus noble que le discours qu’on lui prête dans cette occasion. Il se rendit à Cusco, sans autre distinction que la frange jaune, qui était la marque de l’héritier présomptif, pour recevoir la rouge des mains de l’apu, qui la lui donna en effet ; mais pendant ce temps Almagro et Alvarado poursuivaient Quisquiz, qui fut taillé en pièces et tué par ses propres