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argent, à déduire sur la rançon d’Atahualpa. On choisit pour cela les pièces les plus massives, et qui avaient le plus d’apparence : c’étaient des cuvettes, des réchauds, des caisses de tambour, des vases, des figures d’hommes et de femmes. Chaque cavalier eut pour sa part douze mille pesos en or, sans compter l’argent ; c’est-à-dire deux cent quarante marcs d’or, et l’infanterie à proportion ; et toutes ces sommes ne faisaient pas la cinquième partie de la rançon. Soixante hommes demandèrent la liberté de retourner en Espagne pour y jouir paisiblement de leurs richesses ; et Pizarre, prévoyant que l’exemple d’une si prompte fortune ne manquerait pas de lui attirer un grand nombre de soldats, ne fit pas difficulté de l’accorder.

Avant le départ de don Fernand, Soto et Varco étaient revenus de la capitale, l’imagination remplie de l’incroyable quantité d’or qu’ils y avaient vue dans les temples et dans les palais. Leur récit augmenta dans Pizarre et Almagro l’impatience de se saisir de toutes ces richesses ; ce n’était néanmoins qu’une petite partie de celles des anciens incas ; car Huascar était mort sans avoir révélé dans quel lieu il avait caché les trésors de ses pères ; mais les temples avaient été respectés, et chaque palais avait conservé ses meubles. Un ordre d’Atahualpa pouvait faire mettre à couvert ces précieux restes : c’était la crainte d’Almagro ; et, dans son inquiétude, il voulait que,