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toute la distinction qu’on devait à ce titre. Il envoya au-devant d’eux quelques officiers ; et, arrivant bientôt lui-même, il les conduisit à quelque distance, vers un palais où le prince était revenu sur la nouvelle de leur approche. En avançant dans la plaine, ils virent des gens de guerre envoyés pour leur faire honneur. Solo, qui ne pouvait deviner quel était leur dessein, poussa son cheval à toute bride vers l’officier qui les commandait. Les Américains s’écartèrent, autant parce qu’ils avaient ordre de les respecter que par la crainte qu’ils devaient ressentir à la première vue d’un cheval en course. L’officier péruvien leur fit un salut, qui était une espèce d’adoration, et les accompagna jusqu’au palais avec toutes les marques de la plus profonde vénération.

Ils furent éblouis des richesses qui s’offraient de toutes parts. L’inca était assis sur un siége d’or. Il se leva pour les embrasser et leur dit : « Capac Viracocha, soyez les bien venus dans mes états. » On leur présenta des siéges d’or, et l’inca se tournant vers quelques seigneurs américains qui étaient près de lui : « Vous voyez, leur dit-il, la figure et l’habit de notre dieu Viracocha, tels que notre prédécesseur l’inca Yahuarhuacar a voulu qu’ils fussent représentés dans une statue de pierre. » Deux princesses d’une grande beauté présentèrent des liqueurs, et ces rafraîchissemens furent suivis d’un festin. Fernand Pizarre fit ensuite son compliment.