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découvrit un gros de l’autre côté de la rivière ; et les prisonniers jugèrent à diverses marques qu’il était commandé par le cacique. Pizarre, irrité de son obstination, prit enfin le parti de l’attaquer. Il fit préparer secrètement quelques barques plates, et, passant la rivière à la fin du jour, avec deux de ses frères et cinquante cavaliers, il marcha toute la nuit par des chemins fort difficiles. Le matin, à la point du jour, se trouvant fort près du camp des Américains, il y fondit avec une impétuosité qui leur ôta la hardiesse de résister. Arès les avoir dispersés, il en tua un grand nombre dans leur fuite ; et pendant quinze jours il ne cessa point de leur faire une cruelle guerre, pour venger du moins la mort des trois Espagnols qu’ils avaient sacrifiés. Le cacique, effrayé de tant d’hostilités, fit demander enfin la paix, et joignit à ses prières quelques présens d’or et d’argent. Pizarre partit aussitôt avec la plus grande partie de ses troupes ; il laissa le reste dans le même lieu, sous le commandement d’Antoine de Navarre et d’Alphonse Requelme. Pour lui, s’avançant jusqu’à la rivière de Chica, à trente lieues de Tumbez, il envoya Soto vers les peuples qui habitent ces bords ; et quelques légères rencontres firent tant d’honneurs à ses armes, qu’on lui demanda la paix dans toute l’étendue de cette province. Il paraît que son dessein avait été de pénétrer jusqu’à Payta, et qu’il alla effectivement jusqu’à ce port ; mais