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mis ; il fut même obligé d’envoyer du secours aux vaisseaux, qui essuyèrent aussi l’attaque d’un grand nombre d’Américains dans leurs barques plates ; mais les Espagnols se défendirent avec tant de résolution, qu’après avoir fait ruisseler le sang, ils virent disparaître ceux qui étaient échappés à leur vengeance. Cependant Pizarre perdit quelques soldats, et parmi les blessés, Gonzale, son frère, le fut dangereusement au genou. Le capitaine Fernand de Soto, étant arrivé de Nicaragua quelques heures après l’action, avec un renfort considérable d’infanterie et de cavalerie, rien ne pouvait empêcher Pizarre d’exécuter son premier dessein ; mais lorsqu’il fut informé que les insulaires se tenaient autour de l’île, avec leurs barques plates cachées derrière les mangliers, la difficulté de les forcer dans cette retraite lui fit prendre la résolution de retourner à la côte. Il avait eu le temps d’ailleurs de reconnaître que l’air de l’île était malsain, et l’or qu’il avait trouvé devenait un nouvel aiguillon pour ses gens, qui n’aspiraient qu’à se voir dans Tumbez.

Les insulaires de Puna devaient être redoutables aux peuples même du continent, puisqu’ils avaient dans leurs prisons plus de six cents personnes de l’un et de l’autre sexe, qu’ils avaient prises en guerre. Il se trouvait entre ces prisonniers quelques habitans de Tumbez : Pizarre les mit tous en liberté ; et, dans le dessein qu’il avait de les gagner par